Cette fois, ça y est ! La saison des compétitions motos bat son plein ! Les 21 et 22 avril derniers, la traditionnelle course des 24 Heures du Mans 2018 Motos se tenait sur le circuit Bugatti. Afin de fêter dignement le 40ème anniversaire de ce rendez-vous incontournable du Championnat du Monde d’Endurance, l’organisation disposait d’un plateau solide. Entre une course aux multiples rebondissements, des animations en marge de l’événement et la présence du soleil tout au long du week-end, cette 41ème édition fut un succès !
Les 24 Heures du Mans 2018, un mythe à vivre
Qu’on soit passionné de compétitions motos ou non, difficile de passer à côté des mythiques 24 Heures du Mans… Créée en 1978, l’épreuve a aussitôt déchaîné les passions. Imaginez : trois pilotes (deux à la création de l’épreuve !) se relayant au guidon d’une moto pendant un tour d’horloge.
Tandis que les années 80 débutaient, les motards étaient régulièrement contraints de « mécaniquer » sur les bords des routes ! Dès lors, les épreuves de 24 heures (le Bol d’Or existait depuis les années 20) faisaient office de banc de développement pour les constructeurs… Et ont participé à la fiabilisation des motos.
Si la difficulté de la course participe au mythe, les pilotes qui s’y sont alignés font partie de la légende ! En effet, on trouve parmi les vainqueurs un certain Jean-Michel Bayle, Dominique Sarron, Carl Fogarty… Aujourd’hui encore, plusieurs pilotes de Grand Prix s’impliquent en Endurance. Parmi eux, Randy De Puniet, Alexis Masbou ou encore Louis Rossi s’alignaient au départ de la classique mancelle cette année.
Plus surprenant, les 24 Heures du Mans attirent des sportifs de tous horizons. Aussi, après avoir piloté en 2013 (25ème), le perchiste Renaud Lavillenie est désormais patron d’une écurie.
Renaud Lavillenie est un amoureux de l’endurance ! Il est désormais patron du Team LMD63 !
Après avoir évoqué les machines et les pilotes, comment ne pas évoquer la course elle-même ? Car pendant 24 heures, il se passe toujours des choses. Entre les casses mécaniques, les chutes, les aléas météorologiques et la fameuse partie nocturne : les rebondissements sont assurés ! D’ailleurs, comment ne pas avoir de frissons en évoquant l’arrivée de l’édition 2017 ? Au terme de 24 heures de compétition, la Yamaha du GMT 94 et celle du YART passeront la ligne avec moins de 20 secondes d’écart. Le monde de l’endurance est un drame permanent.
Un anniversaire dignement fêté !
Afin de faire des 40 ans de l’épreuve une fête populaire, l’ACO avait mis les petits plats dans les grands. Le premier temps fort de la semaine fut, sans conteste, l’exposition des machines dans le centre-ville du Mans. Si les voitures des 24 Heures se donnent en spectacle lors de la traditionnelle « pesée » depuis longtemps, pour les motos, il s’agissait d’une première ! Vu le succès rencontré par l’opération, il se pourrait qu’elle soit reconduite durant les prochaines éditions. En effet, la foule s’était déplacée en masse sur la place des Jacobins le mercredi, dans le but d’apercevoir les 60 équipages engagés.
Le Team Girls Racing dispose toujours du soutien du public ! L’équipage féminin termine 32ème cette année !
En marge de la course, Yamaha célébrait l’anniversaire de sa sportive emblématique, la R1. Ainsi, la marque avait réuni un exemplaire de chaque génération du modèle sorti en 1998. Evidemment, la majeure partie des machines de la gamme actuelle étaient libre d’accès sur le stand. En plus de cette exposition, quelques privilégiés ont pu prendre la piste dans le cadre d’une parade. Seul impératif ? Il fallait être propriétaire d’une R1…
Comme le veut la tradition, un concert géant était organisé le samedi soir des 24 Heures du Mans 2018. Afin de tenir le public en éveil, les organisateurs ont fait venir l’ex-batteur des groupes AC/DC et Asia, Chris Slade, sur la scène située en plein air.
Un plateau international et de qualité !
Parmi les 60 équipes, majoritairement européennes, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y avait du beau monde !
Chez les ex-pilotes de Grand Prix, Randy de Puniet conservait sa place sur la Kawasaki du Team SRC. De son côté, Alexis Masbou retrouvait le guidon de la R1 de l’équipe Moto Ain, alors que son ami Louis Rossi faisait ses grands débuts au sein de la structure du Lycée Le Mans Sud.
Naturellement, le GMT94 renouvelait sa confiance au trio composé de David Checa, Niccolo Canepa et Mike Di Meglio. Après une victoire éclatante au Bol d’Or, le Team Champion du Monde en titre et leader de l’exercice en court arrivait confiant en Sarthe. De plus, plusieurs pilotes du légendaire Tourist Trophy étaient engagés par des équipes de premier plan…
Une édition folle et des favoris au tapis…
Dès le début de la course des 24 Heures du Mans 2018, les favoris sont mis à mal… Après un départ tonitruant, Randy De Puniet laisse le guidon à Mathieus Gines. Quelques instants plus tard, le Champion du Monde d’Endurance 2014 part à la faute, et contraint le SRC à l’exploit. Dans le même temps, la Honda officielle N°111 est rattrapée par ses démons. La partie électrique montre des signes de faiblesse et immobilise de force la CBR au box.
Avec les années, les 24 Heures se sont transformées en véritable sprint de longue durée. La bagarre est permanente !
En fin de journée, c’est au tour du YART de subir une terrible désillusion… Alors que la Yamaha autrichienne mène la course, son pilote sort violemment, transformant instantanément sa machine en épave. Marvin Fritz se relève indemne, la R1 terminera son parcours dans les graviers de la courbe Dunlop.
Du côté de l’équipe Yamaha Viltaïs, championne du Monde en titre de la catégorie Superstock, le sort s’acharne. Après un superbe début d’épreuve qui verra le pilote Motoblouz, Axel Maurin, occuper la tête de la catégorie, les ennuis s’accumulent. Chutes mineures, problèmes de freins, casse de la chaîne de transmission… Rien n’aura été épargné à l’équipe Auvergnate.
Nuit magique… Et cruelle !
Si la compétition moto comporte toujours une part de folie, voir les pilotes et leurs machines aligner les chronos à la lumière de leurs phares relève de la magie. Avec la nuit, les températures baissent, et le rendement des pneus et des moteurs s’améliore. Régulièrement, les temps au tour sont excellents en début de soirée…
Cependant, si la nuit apporte une dimension singulière à l’épreuve, elle s’avère souvent redoutable pour les équipages… Malgré la préparation des pilotes, difficile de lutter contre la fatigue ! De plus, plus les heures défilent, plus le risque d’avarie mécanique augmente. Ainsi, après l’hécatombe de l’après-midi, un nouvel outsider sera contraint à l’abandon. Tandis que l’obscurité est installée, la BMW du Team NRT 48, qui s’élançait en 3ème position, perdra son feu arrière. Alors qu’il pend derrière la moto, il est happé par la roue, arrachant le faisceau électrique. Les dégâts sont trop importants, la machine allemande ne repartira pas…
Véritable épouvantail sur ses terres mancelles, le Suzuki Endurance Racing Team (SERT) emmené par Dominique Méliand menait jusqu’ici une course tranquille. Les relais s’enchaînaient et voyaient les troupes du SERT grappiller des places au fur et à mesure des déboires de ses concurrents. Alors que le tableau de marche de l’équipe semblait parfaitement respecté, des ennuis de freins vinrent émailler le parcours de la GSXR… Plus les heures passèrent, plus la machine poursuivit sa descente au-delà du top 10…
40 ans après, Honda ré-écrit l’histoire
Discrète depuis le début des 24 Heures du Mans 2018, la Honda 1000 CBR du Team Japonais TSR F.C.C. n’en restait pas moins à l’affût. La machine disposant du soutien de Honda France a bénéficié de l’expérience de son trio de pilotes pour s’emparer du leadership en milieu de matinée, le dimanche. Si le français Alan Techer et l’australien Josh Hook ont tenu un rythme effréné durant l’ensemble de leurs relais, c’est à Kenny Foray qu’est revenue la tâche de terminer le travail.
Malgré un début de course chaotique, et au terme d’une remontée époustouflante, la 111 offre le doublé au blason ailé. Dire que le Team anglais savourait sa performance serait un doux euphémisme ! Après être revenue en compétition lors de la saison 2014, l’équipe a souvent joué de malchance, connaissant régulièrement l’abandon.
Le Team Honda Endurance assure le doublé à la marque japonaise!
Enfin, j’avais envie de souligner la belle perfomance du team Penz13. En effet, après son podium au Bol d’Or en septembre dernier, l’équipe allemande s’adjuge la 3ème place aux 24 Heures du Mans 2018. Pour l’occasion, la BMW était aux mains de pilotes de talent, Christian Iddon, Michael Laverty et Danny Webb.
Pourquoi aller aux 24 Heures du Mans ?
Si avec ce récit sur les 24 Heures du Mans 2018, vous n’êtes toujours pas convaincus, voici quelques infos supplémentaires. Histoire de vous donner envie de découvrir la classique mancelle :
- Les 24 Heures du Mans, c’est une occasion unique de voir s’affronter en piste des pilotes professionnels et amateurs, venus de tous les horizons…
- Vivre l’entrée des pilotes dans la nuit est réellement captivant ! Les voir évoluer dans l’obscurité est si hypnotisant que le temps semble s’allonger.
- Si les campings ont une réputation sulfureuse, ils font pleinement partie du folklore de cette compétition mythique… L’ambiance y est bon enfant, et c’est un véritable lieu d’échanges entre motards ! C’est une sorte d’immense réseau social… Avec l’odeur du barbecue en supplément.
- Si quitter l’autoroute ne vous fait pas peur, vous prendrez plaisir à (re)découvrir le réseau secondaire. Mon moment favori de ces 24 Heures du Mans 2018 ? Le trajet retour du dimanche… En effet, traverser les villages sous les applaudissements et les saluts des habitants est une expérience à vivre au moins une fois… Et puis, quoi de plus sympa que de répondre au sourire d’un enfant et de transmettre l’esprit motard ?
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