Le casque modulable : chaînon manquant du heaume motard, mutant qui théoriquement propose les avantages du jet et de l’intégral. Chimère ou réalité ? C’est ainsi que les jumeaux Igor et Grichka auraient pu poser le postulat de départ de ce test. Malheureusement, ni l’un ni l’autre n’était disponible pour le test. C’est donc à moi qu’est revenu l’insigne honneur de tester le nouveau modèle de la marque Française, le casque modulable Shark EVOJET.
Le casque modulable Shark EVOJET, une licorne parmi les chimères.
Alors oui, l’automne est bien là et non, je ne suis pas parti cueillir des psilocybes. Le mystère de cette accroche réside dans la mentonnière du casque modulable Shark Evojet, ou plutôt dans sa forme originale. Mais passons d’abord aux présentations de la Bête.
Prenez le nouveau casque Citycruiser de chez Shark, greffer le pont manquant de la protection maxillaire sur l’écran long trip et c’est plié. Très malin de la part des ingénieurs de la marque Française. Le Citycruiser proposé par Shark a été développé pour permettre d’optimiser la protection faciale d’un casque Jet, en gardant les caractéristiques d’amplitude de champ visuel, chéries par les porteurs de ce type de casque.
Le choix de Shark d’en dériver une version modulable spécifiquement dédiée aux pilotes urbains et extra urbains est judicieuse. Étant moi-même pile poil dans la cible, et conscient des dangers de ma pratique quotidienne du deux-roues, je sais que le port d’un Jet pur est un pari sur une pelle que je ne prendrais pas. Avec le casque modulable Shark Evojet, je peux renforcer la protection de mon visage dans les phases plus tendues de mes trajets. Je peux également bénéficier du grand air et de la vision panoramique du Citycruiser, en statique par exemple, ou sur les portions plus « safe« .
L’Evojet : l’alliance du classique et de l’audace
La conception de l’Evojet est plutôt basique : pas de fibre de verre ou de carbone. La calotte est en résine thermoplastique injectée. Le poids est dans les limites du raisonnable (1500 g et des brouettes). Même si on sent bien le casque une fois installé, cela reste largement supportable et globalement plutôt bien réparti.
La fermeture de la jugulaire se fait par le biais d’une boucle micrométrique, extrêmement facile d’utilisation, même avec des gants mi saison. Ce casque Shark possède un système d’aération avec une entrée frontale très facile d’accès elle aussi. La manipulation ne nécessite qu’un mouvement de translation avant/arrière pour ouvrir ou fermer l’entrée d’air. L’évacuation se fait par un évent très bien intégré lui aussi, à l’arrière du casque.
Comme sur la grande majorité des casques à vocation urbaine ou tourisme chez Shark, ce modèle embarque un écran solaire rétractable, à la teinte très bien calibrée, qui vous protègera avec style des excès de rayonnement lumineux. La cinématique est plutôt simple : une commande à gauche au niveau de l’oreille. Cela dit, la manipulation est troublée par le design du haut de la calotte en position écran baissé. On peine un peu à différencier du bout du doigt la commande de l’arrête du haut de la calotte. Rien de dramatique.
Un écran maous qui change la vue !
Le système qui permet la cinématique de l’écran long trip / mentonnière est entièrement dissimulé sous des caches latéraux très bien intégrés esthétiquement. Cela dit leur stabilité, surtout côté gauche, demande à être surveillée lors d’un usage intensif. J’ai dû reclipser régulièrement le cache gauche en fin de journée car l’alignement avec le reste de la calotte n’était plus affleurant. Pas la peine de susciter plus de bruits aérodynamiques en dégradant la très bonne fluidité de l’Evojet.
L’écran long trip est à lui seul un condensé de technologie : traité anti rayures et antibuée, de classe optique 1, à épaisseurs variables. Soyons clair, les traitements anti rayures et antibuée ont leur limite. Si vous n’en prenez pas soin, l’intégrité de votre écran sera atteinte rapidement. De même pour l’antibuée, elle ne vaut pas un bon Pinlock des familles.
En revanche, la catégorisation en classe optique 1 de l’écran n’est pas usurpée. Lorsque vous restez dans la zone à épaisseur régulière (à la louche, 80 % de la surface), la vision est parfaite. Un vrai plaisir de bénéficier de la protection aux vents avec une limpidité pareille. Pour le bas de l’écran qui présente des épaisseurs différentes, la vision est bien évidemment déformée mais largement suffisante. Vous pourrez procéder en toute quiétude aux vérifications des témoins lumineux et des cadrans de votre destrier, ainsi que garder en visuel les indications de votre GPS ou smartphone.
Une divine surprise
Un autre des atouts du casque modulable Shark Evojet réside dans sa parenté avec le Citycruiser. La forme longue et enveloppante de sa calotte au niveau maxillaire permet, en plus des logements dédiés à la pose d’un kit Bluetooth, de placer un micro pour casque intégral. Pas besoin de placer un micro perche moumouté absolument immonde, véritable furoncle du jet, devant votre bouche. J’ai pu installer le très économique système 3S de Sena qui équipait mon D-Skwal. Le système est extrêmement discret mais incroyablement efficace. La position du micro (placé au bout de l’avancée maxillaire gauche) permet de capter votre voix suave avec le maximum d’efficacité.
Et la licorne ?
Le casque modulable Shark Evojet vous transformera immédiatement en cet équidé légendaire lorsque vous porterez votre précieux, la mentonnière relevée.
Et vous savez quoi ? Ce n’est même pas ridicule. Le design est franchement réussi, autant ouvert que fermé et la manipulation de la mentonnière enfantine. Du coup, vous passez du mode jet à l’intégral au gré de vos envies, rapidement et d’une seule main. Certes, la résistance aérodynamique vous rappellera à l’ordre mais la pénétration dans l’air est bonne en mode intégral. Vous retrouverez ainsi des conditions plus clémentes pour vos cervicales, en un geste.
Que vaut l’Evojet au quotidien, par tous les temps ?
Gardez en tête la « destination » de ce modulable. Il appartient à la gamme urbaine des casques Jet. On ne lui en demandera pas autant qu’un Evo ES ou qu’un Valliant de chez LS2. L’aérodynamisme mentonnière libérée n’est pas autant optimisée. Sur ce casque Shark, pas de Pinlock, impossible sur un écran avec un design aussi complexe.
Dans mon quotidien fait de trajets urbains et extra urbains sous toutes les températures et tous les temps, le casque modulable Shark Evojet fait vraiment le taff avec brio. En ces temps de pandémie, je porte un masque sous le casque (pour gagner du temps et éviter les manipulations) et la buée qui se dépose sur l’écran par temps froid disparaît aussitôt en mouvement. La large prise d’air qui prend place sur la mentonnière est efficace et très facile à manipuler. L’absence de bavette anti-remous ne m’a pas gêné, sûrement parce que je ne dépasse pas les 110 km et que je dispose d’une bulle haute.
Sans rivaliser avec le confort de mon Shoei Ex-Zero, le poids est plutôt bien réparti et le moelleux de l’accueil est réussi. Comme souvent sur les modulables, la pression sur la mâchoire est augmentée lorsque la mentonnière est baissée. Ce n’est absolument pas gênant ou douloureux. Juste un rappel que vous êtes passé en mode « arsouille » et que la protection est dorénavant maximale.
Concernant le confort auditif, si l’on reste dans son domaine de prédilection, c’est dans la bonne moyenne. Pas de quoi en faire un argument de vente, mais honorable.
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