« Le Tourist Trophy, ça se mérite ! »
Une phrase que l’on m’a souvent répété… Et force est de constater que le voyage pour y aller n’a pas été de tout repos. Mais quelle aventure ! Ce genre de voyage qu’on fantasme parfois durant des années. Des itinéraires qu’on trace dans sa tête, des routes qu’on parcourt mille fois en imagination. Le mien faisait 3700 kilomètres, aller-retour. Départ de Chambéry, direction l’Île de Man, en passant par Calais, Londres, Heysham… Et à l’arrivée, ce Graal absolu pour tout motard un peu fou : le Tourist Trophy. Le TT, comme on dit. Et cette année, j’ai enfin pris la route. Je vous raconte mon aventure. Bonne lecture !
3 jours de voyage en direction de l’île de Man
Cap au nord : Chambéry – Calais
Mardi 27 mai dernier, à 7h30 précisément, je prends le départ en direction de l’Angleterre. Le moteur ronronne, le ciel est encore pâle au-dessus des Alpes. Je quitte Chambéry à l’aube, le cœur léger, les valises sanglées, les pneus chauds d’envie. 850km pour traverser la France. Rien de sexy à passer par l’autoroute, mais c’est là notre première étape afin de rejoindre Calais pour prendre l’Eurotunnel dès le lendemain. Une longue virée remplie de soleil au début… Mais aussi et surtout très vite de la pluie. Le vent aussi était de la partie : nous sommes même arrivés sous une tempête et une « vigilance orange » annoncée dans le Nord-Pas-de-Calais. Je peux vous dire que sans publicité exagérée, je suis bien contente de mon équipement qui m’a laissé au chaud, et surtout au sec ! Je vous en parle en bas de l’article.
Calais arrive après une journée bien remplie. Le « Shuttle », comme on le nomme, me tend les bras. Ma moto embarque sans broncher.
A savoir : Tu vas traverser 2 douanes (une française et une anglaise). Tu as besoin de ton billet et surtout, de ton passeport !
Une demi-heure plus tard, nous voici en Angleterre. Rouler à gauche, ça surprend toujours un peu les premières minutes, mais la concentration prend vite le dessus. Londres m’accueille avec son trafic dense, ses double-deckers rouges, et cette ambiance unique mêlant chaos et élégance. Petite première mésaventure : une visse dans le pneu ! Outch.
Ace Cafe London
C’est au deuxième jour que nous avons posé nos roues dans Londres. Petit passage obligatoire au Ace Cafe London, un endroit que j’affectionne. Pour la petite histoire, j’avais fait celui de Kuala Lumpur en Malaisie au guidon d’une Harley Davidson FXDR. C’est donc ici que nous avons pu nous restaurer, souffler des premières minutes intenses de conduite à gauche mais aussi et surtout, réparer mon pneu crevé…
Visite de l’usine Triumph à Hinckley
Le lendemain, nous avons repris la route en direction de Coventry et Hinckley pour 2 visites. Le musée national de la moto et l’usine « mère » de la célèbre marque au trident : Triumph !
Si vous êtes passionné(e) de motos ou simplement amateur d’ingénierie britannique, il y a un lieu incontournable à visiter lors d’un passage en Angleterre : la Triumph Factory Visitor Experience, à Hinckley. C’est ici, au cœur de cette ville, que naissent les mythiques Bonneville, Speed Triple, Tiger et bien d’autres machines qui ont façonné la légende Triumph depuis plus d’un siècle.
Pour ceux qui veulent aller plus loin, la visite guidée (payante) est un vrai privilège. Vous serez guidé à travers les différentes étapes de la production :
- Assemblage des moteurs, pièce par pièce.
- Montage final des motos sur les lignes d’assemblage.
- Contrôles qualité rigoureux.
- Tests finaux, garantissant que chaque Triumph qui sort de l’usine est digne de porter ce nom.
Petit bonus, j’ai même eu le droit de monter sur la moto de 007… Oui oui, celle du film 🙂
Du bitume anglais au port de Heysham
La traversée de l’Angleterre est une aventure en soi. Après Londres, cap vers le nord-ouest. La campagne anglaise est un régal : petites routes sinueuses, murets de pierre, moutons qui broutent à deux pas de l’asphalte… Et une météo toujours aussi fantasque. Une saucée à Birmingham, du soleil à Lancaster, et me voilà enfin à Heysham, petit port sans prétention mais avec une importance capitale : c’est ici que l’on embarque pour la mythique Île de Man.
Prendre un ferry à moto
Nous voici à l’étape que j’appréhendais le plus : prendre le ferry en étant en bécane. Oui, c’est plein d’interrogation et de stress ce genre de petites premières fois… Beaucoup de monde présent pour embarquer dans le « ManxMan », le plus petit et plus rapide des ferrys allant sur l’IOM.
Plus de 500 motos attendent prêtes à embarquer. A mon tour de rentrer ! Les pieds qui glissent sur le sol mouillé, les demis-tours sérrés dans les files étroites pour qu’on vienne me coller entre la moto de devant et de derrière. J’escalade presque ma moto et celles de mes voisins pour réussir à sortir de ma place. Plus qu’à faire confiance au personnel pour sangler ma moto et aller profiter depuis le haut du bateau de cette traversée.
A savoir : Tu as besoin de ton billet pour embarquer.
L’arrivée sur l’Île de Man : le cœur qui s’emballe
Le ferry fend les eaux froides de la mer d’Irlande. À bord, des centaines de motos. On se regarde, on se comprend. Peu de mots, beaucoup de regards complices. L’arrivée à Douglas, capitale de l’île, a quelque chose de magique. Les drapeaux Tourist Trophy flottent partout, les vitrines sont décorées, l’île vit à l’unisson pour une seule passion : la course.
Le Tourist Trophy 2025 : folie mécanique et frissons garantis
Le TT, c’est bien plus qu’une course. C’est une religion. Un mythe vivant. Depuis 1907, les meilleurs pilotes (ou les plus fous ?) viennent ici défier la montagne, le chrono… et la mort. Le Snaefell Mountain Course, c’est 60 km de routes ouvertes au public le reste de l’année, traversant villages, champs, cols et virages aveugles. Le tout à des vitesses frôlant les 300 km/h.
Assister au Tourist Trophy, c’est un choc. Imaginez : vous êtes sur le bas-côté, à quelques mètres de la route. Une Superbike déboule, hurle, passe en une fraction de seconde. Le sol vibre, votre cœur aussi. Le public applaudit, crie, vit chaque passage avec une intensité rare. Ce n’est pas un circuit, ce n’est pas aseptisé. C’est brut, authentique, presque sauvage. J’avoue avoir eu un petit coup de cœur niveau adrénaline du côté des side-car également.
En 2025, les légendes étaient au rendez-vous : Michael Dunlop, Peter Hickman, Dean Harrison… Le spectacle était total. Entre chaque course, je profite de l’ambiance : les pubs débordent de motards, les routes sont pleines de machines venues de toute l’Europe, et les soirées s’étirent en discussions interminables sur les chronos, les trajectoires et les machines.
Le team de Almaric Blanc
Parmi les pilotes français, j’ai eu la chance d’être baigné dans le cœur du Team de Amalric Blanc.
Amalric Blanc est l’un des pilotes français les plus prometteurs et rapides du Tourist Trophy de l’île de Man. En 2024, il a établi un nouveau record français en descendant largement sous les 18 minutes au tour lors de la première course Superbike, surpassant ainsi le précédent record détenu auparavant. En 2025, il a donc continué à représenter la France avec brio. Lors des qualifications de la catégorie Superstock, il a réalisé un temps de 17:54.204, se classant 13e parmi une concurrence internationale redoutable. Vivre cela au cœur du team, rencontrer chaque personne de l’équipe et pouvoir échanger sur leur importance a été vraiment enrichissant.
À la découverte de l’île de Man
L’Île de Man ne se résume pas qu’au Tourist Trophy, même si c’est son événement le plus emblématique. C’est une terre riche, sauvage, chargée d’histoire et de paysages incroyables, parfaite pour les motards en quête de virages et de découvertes. Voici un aperçu des endroits à visiter et des expériences à ne pas manquer une fois sur l’île :
Des balades incontournables
Un de mes plus beaux souvenirs de ces deux semaines d’aventure sur l’ile de Man reste ma balade au sud de l’ile… De Peel à la plage des phoques en passant par Castel Town, j’ai vu des champs à perte de vue, des moutons dans tous les coins, des paysages irlandais à couper le souffle… Bref, je vous donne ici quelques endroits incontournables.
Snaefell Mountain
C’est le sommet de l’île, culminant à 620 mètres. On peut y monter en moto bien sûr, mais aussi en tramway électrique historique (le Snaefell Mountain Railway). De là-haut, par temps clair, on peut apercevoir sept royaumes : l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande, le Pays de Galles, l’île de Man, la mer et… le ciel. L’endroit est mythique, surtout pour les fans du Tourist Trophy : c’est là que les pilotes foncent à plus de 250 km/h.
La route côtière sud (de Douglas à Port Erin)
Un must à faire à moto : des routes vallonnées qui surplombent la mer, des falaises abruptes, des petites criques secrètes. C’est l’île de Man carte postale, sauvage et paisible.
L’île est un vrai terrain de jeu. En dehors du Snaefell Course, beaucoup de routes sont magnifiques pour rouler :
- A18 – Mountain Road : ouverte au public, et sans limite de vitesse sur certaines portions ! C’est là que les pilotes du TT roulent à pleine balle. À faire avec prudence mais avec les yeux grands ouverts.
- A3 entre Castletown et Ramsey : route plus étroite, sinueuse, idéale pour les amoureux du pilotage technique.
Culture et musées à découvrir
Manx Museum (Douglas)
C’est le musée incontournable pour comprendre l’histoire de l’île, de ses origines celtiques à l’époque Viking, en passant par les courses moto évidemment. Une section entière est consacrée au TT avec des motos mythiques, des combinaisons, et des images d’archives poignantes.
House of Manannan (Peel)
Un musée très immersif et bien fait sur l’histoire maritime de l’île, ses racines celtiques et vikings, et sa culture insulaire unique. Idéal pour une pause culturelle entre deux balades.
Motorcycle Museum (Kirk Michael)
Un petit musée tenu par des passionnés, bourré de machines anciennes et de souvenirs du TT. On peut discuter pendant des heures avec le proprio qui connaît toutes les anecdotes sur les grands noms de la course.
La plage des phoques et autres trésors naturels : The Sound et Calf of Man
Tout au sud de l’île, c’est l’un des plus beaux spots pour observer la faune marine. Face à l’îlot de Calf of Man, on peut souvent apercevoir des phoques gris se prélasser sur les rochers. Il y a un super café avec vue panoramique et des sentiers côtiers à couper le souffle.
Peel
Peel est une charmante petite ville située sur la côte ouest de l’Île de Man, dans la mer d’Irlande. Parfois qualifiée de « ville » par les habitants en raison de sa cathédrale, elle a malgré tout le charme et la taille d’un village côtier. Peel est paisible, authentique et moins touristique que Douglas ou Ramsey, ce qui lui confère une atmosphère familiale et locale. Historiquement, Peel était un port de pêche très actif, surtout pour la pêche au hareng. Aujourd’hui, le port accueille des bateaux de pêche et de plaisance. Le village est encore surnommé « Sunset City » en raison des splendides couchers de soleil sur la mer.
💡 Petit bonus pratique :
- Le réseau routier est globalement en bon état, mais attention aux portions glissantes près de la côte ou après la pluie.
- Conduite à gauche bien sûr, mais les conducteurs sont généralement très respectueux.
- Les hébergements affichent complet pendant le TT, il faut réserver des mois à l’avance, ou opter pour le camping (il y a de nombreux campings moto-friendly sur l’île).
Mon équipement pour ce voyage
Comme mentionné au début de mon article, ma météo n’a pas été de tout repos lors de ces deux semaines de roadtrip. Entre le froid, le vent vraiment très présent, la pluie, et parfois avec un peu de chance d’avoir des éclaircies, je ne peux que venter les mérites de la tenue m’ayant accompagnée dans cette épopée.
Le casque Klim Krios Pro Ventura est un « haut de gamme » pensé pour les motards exigeants qui aiment conjuguer route et tout-terrain. Conçu autour d’une coque en fibre de carbone fabriquée à la main, il m’a conquise par sa légèreté (environ 1,45 kg) et son confort sur les longs trajets. A savoir que j’ai ce casque déjà depuis un petit moment et que je l’utilise également pour l’off-road.
Concernant ma veste et mon pantalon « adventure », il s’agit de la tenue Ixon EDDAS LADY. Avec une doublure amovible et lavable, j’étais super bien dedans et surtout, pas une goutte d’eau n’a traversé mon équipement, grâce à la Membrane X‑Dry 20/10 (20 000 Schmerber / 10 000 g/m²/24 h) assurant imperméabilité et grande respirabilité, adaptée aux conditions pluvieuses et rudes.
Enfin, pour être bien protégée de la tête aux pieds, j’ai déniché les Forma ADV Tourer Lady. Ce sont des bottes moto hautes, conçues spécifiquement pour les motardes recherchant un bon équilibre entre protection, confort et élégance, sur route comme pour sortir de l’asphalte. J’avais des doutes concernant leur étanchéité mais je n’ai finalement pas été déçue.
Agence spécialisée pour partir au TT sans stresser
Afin de réaliser ce voyage, vous avez plusieurs options : partir par vous même, en avion, en voiture ou en moto… Ou déléguer l’organisation et le stress d’atterrir dans un autre pays à une agence spécialisée. De mon côté, j’ai opté pour itinéraires Evasion.
Non seulement ils sont professionnels, mais en plus, avec eux, pas de camping ! Ils vous dénichent une maison bien sympathique non loin du centre de Douglas, où vous pourrez dormir tranquillement même les soirs de tempête et faire vos lessives… Je vous assure, c’est un confort quand on a autant de journées sous la flotte. Ils s’occupent également de prendre en charge vos billets de Shuttle et de Ferry et peuvent réserver les hôtels sur le trajet si besoin.
Le retour : la tête pleine, le cœur lourd
Ça y est, c’est la fin du voyage… Il faut bien repartir. Refaire le trajet en sens inverse, avec les mêmes étapes, mais l’âme un peu différente. Car après avoir vécu ça, on ne revient jamais tout à fait pareil. Le Tourist Trophy, c’est une claque. Une piqûre d’adrénaline, d’émotion, de respect pour ces pilotes qui tutoient les limites.
3 700 kilomètres plus tard, je suis de retour à Chambéry. Fatiguée, peut-être. Heureuse, c’est certain. Je viens de cocher l’un des plus beaux rêves de ma vie de motarde. Et déjà, une petite voix me chuchote : “Et si tu y retournais l’an prochain ?”
Aucun commentaire
Ajoutez le votre