Détecter automatiquement les situations dangereuses, adapter le comportement de la moto en fonction de paramètres extérieurs, améliorer l’ergonomie de la moto… Ces sept innovations en développement ou déjà en place sur certaines de nos motos et scooters risquent de devenir la dotation standard de nos machines.
Connectivité : paramétrez votre moto comme n’importe quel appareil connecté
Personne ne pourra le contredire, la connectivité, on nage en plein dedans depuis belle lurette. Les notifications de son app’ GPS relayées sur nos tableaux de bord, on s’y est habitué (ou du moins celles et ceux qui roulent en moto haut de gamme). En revanche, la circulation des informations de la moto vers le smartphone, ça c’est moins commun.
Certains constructeurs le proposent pourtant déjà, en particulier pour les motos destinées à la compétition. Citons Yamaha, par exemple, qui permet de paramétrer ses motos de cross et d’enduro directement via son app Yamaha Power Tuner. Une fois installée, vous pouvez ajuster les courbes d’injection de carburant et de calage de l’allumage de la machine en fonction de vos préférences, de la configuration de la piste, des conditions de pilotage, etc.
Difficile de ne pas imaginer que la tendance va s’affirmer et qu’il sera possible d’accéder à de multiples paramètres de sa moto depuis une application maison sur son smartphone. Contrôler la pression des pneus, la jauge d’essence de son salon, voire démarrer la moto à distance pour la préchauffer le matin, bientôt une réalité ?
Le cornering ABS, la technologie moto pour en finir avec les tout droits !
L’innovation technologique à moto est généralement motivée par des gains côté sécurité. On connait toutes et tous l’ABS, mais on ne peut en dire autant du cornering ABS, qui équipe pourtant beaucoup de motos. Cette version améliorée de l’ABS agit en courbe.
Le cornering ABS agit sur la trajectoire : il limite le redressement de la moto quand on presse les freins en virage. Pour mémoire, c’est à cette réaction naturelle due aux forces gyroscopiques qu’on doit la majorité de nos « tout droit »…
Régulateur de vitesse adaptatif : le radar change de camp
Lancé sur les motos routières les plus haut de gamme chez BMW et Ducati au début des années 2020, le régulateur de vitesse adaptatif gagne peu à peu les gammes d’autres constructeurs (Yamaha, Kawasaki, Honda, Harley-Davidson, etc.).
Également baptisé AAC pour Adaptative Cruise Control, ce système pousse le concept du régulateur de vitesse un peu plus loin en ajustant automatiquement la vitesse de la moto en fonction du trafic. Concrètement, l’AAC ménage la distance de sécurité entre la moto et le véhicule qui précède.
Une technologie plus intrusive
Pour cela, le régulateur de vitesse adaptatif moto s’appuie sur un radar disposé à l’avant de la moto et sur un calculateur pouvant prendre la main sur l’accélérateur et sur le système de freinage de la moto. Le premier évalue la distance qui sépare la moto du véhicule suivi. Le calculateur peut quant à lui agir pour ralentir le deux-roues, puis augmenter à nouveau sa vitesse quand le véhicule qui précède reprend de la vitesse, dans la limite de la vitesse maximum paramétrée par le ou la motard(e).
Les constructeurs mettent en avant le confort que cela apporte au pilotage : vous pouvez suivre le flux du trafic en limitant la fatigue et la perte de concentration sur la durée.
Les systèmes de détection d’angle mort, pour voir plus large que ses rétroviseurs
S’appuyant lui aussi sur un ou deux radars, le détecteur d’angle mort alerte le ou la pilote de la présence de véhicules dans les angles morts (logique). Moins intrusif que le régulateur adaptatif, il se contente de signaler cette présence à l’aide d’un témoin installé à hauteur du champ de vision, souvent dans les rétroviseurs. Il n’agit donc pas sur la moto.
Proposé en option chez pas mal de constructeurs, le système de détection d’angle mort moto est également disponible en accessoire chez Chaft. Le kit avertisseur Chaft D.A.D spot convient ainsi pour toutes les motos, quelle qu’en soit la génération. Pas mal pour ceux qui circulent beaucoup en ville ou sur les axes péri-urbains très fréquentés.
Notez qu’une approche un peu différente est à l’étude : il s’agirait de signaler au deux-roues qu’il circule dans l’angle mort d’un autre véhicule. Un danger sur lequel le ou la pilote n’a en effet pas de prise et qu’il vaut donc mieux anticiper.
La communication entre les véhicules : Circulation d’infos pour plus de sécurité
Toujours dans un souci de sécurité, la communication V2V (Vehicle-to-Vehicle) est une technologie qui permet aux véhicules d’échanger des informations entre eux en temps réel. Grâce à cette connexion, les véhicules peuvent se prévenir mutuellement des dangers, comme des freinages brusques ou des risques de collision.
Elle pourrait par exemple s’avérer utile au niveau des intersections, avertissant un automobiliste de l’arrivée d’une moto plus rapidement qu’il ne le perçoit.
Un autre dispositif envisagé est le freinage d’urgence assisté. Si une moto freine soudainement et qu’elle est suivie par un bus ou une camionnette qui bloque la vue des autres conducteurs, ces derniers seraient automatiquement avertis du danger. La communication V2V pourrait aussi avertir les usagers d’une route qu’une moto est en panne sur le bas côté pour qu’ils adaptent leur conduite à cette situation.
Les algorithmes d’aide au pilotage, pour affiner les réactions de la moto
Beaucoup des technologies abordées ici font appel à une centrale inertielle, bardée de capteurs pour mesurer comment la moto bouge dans l’espace. Les données qu’elle collecte sont exploitées à l’aide d’algorithmes toujours plus élaborés pour proposer des aides plus fines et plus justes au pilotage. Sur les dernières générations de motos sportives, les algorithmes sont si fins qu’ils flirtent avec le prédictif.
C’est le cas par exemple sur les dernières Ducati. L’algorithme Ducati Vehicle Observer (DVO) tient compte simultanément des retours de 70 capteurs qu’il confronte aux données de la centrale inertielle. Il affine en fonction de ses calculs les interventions de l’ABS Cornering, de l’anti-wheeling, du traction control, etc.
L’intelligence artificielle pour des interactions plus naturelles avec la moto
De l’algorithme à l’IA, il n’y a qu’un tour de roue qui se franchit d’abord en compétition. Comment traiter la quantité monstrueuse de données relevées par les innombrables capteurs des machines en MotoGP, par exemple ? L’intelligence artificielle s’est fait une place de choix pour identifier des tendances, soulever les problèmes et proposer des solutions. La plupart des grandes écuries font appel à ses services pour grappiller du temps au chronomètre.
Côté motos grand public, l’IA tendrait plutôt à jouer le rôle d’interface entre la machine et son/sa pilote. On pourrait imaginer que le pilote échange oralement via son intercom avec une IA. Elle pourrait modifier à sa demande le réglage des suspensions, désactiver l’ABS, abaisser le pare-brise, etc.
C’est du moins la direction que prend Energica sur ses motos électriques. Plus efficace et intuitif que de naviguer dans d’interminables menus du tableau de bord à l’aide de commodos pas toujours très ergonomiques, non ? En particulier quand on est censé garder les yeux rivés sur la route.
Technologie d’assistance au pilotage, pour ou contre ?
Faut-il accepter que la technologie rogne sur certaines facettes de notre pilotage ? Il n’y a pas si longtemps, l’idée que le contrôle de traction puisse équiper nos motos défrayait la chronique. Auparavant, l’ABS créait lui aussi la polémique auprès des puristes qui craignaient que cette technologie leur vole une partie du ressenti de leur moto, voire nuise à ses performances.
Ces deux technos ont fini par intégrer systématiquement nos motos (l’ABS étant même obligatoire sur les motos neuves depuis Euro4). Rares sont ceux qui les remettraient en cause aujourd’hui. Preuve s’il en fallait qu’une aide au pilotage bien amenée offre un vrai gain côté sécurité, mais aussi du contrôle et de l’agrément.
La peur de piloter des motos trop lissées (policées ?) doit-elle l’emporter sur les gains en termes de sécurité apportés par la technologie ? Ne cause-t-elle pas un excès de confiance qui devient à son tour nuisible à notre sécurité (puisqu’on peut passer plus vite, freiner plus tard, etc.) ? Où doit s’arrêter le surcoût et la complexité technique qu’elles induisent sur nos motos et scooter ? On est preneur de votre avis dans les commentaires !
Photo à la une : Honda Motor
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