Etre motarde et enceinte : un défi entre précaution et liberté

Moto et femme enceinte sont-ils compatibles ? La grossesse est souvent synonyme de changements et d’adaptations dans la vie d’une femme. Cependant, certaines futures mamans refusent de sacrifier leur passion pour les deux-roues et décident de continuer à piloter leur moto pendant cette période particulière de leur vie. Cette décision soulève des questions sur la sécurité et le bien-être de maman, mais aussi de bébé 🙂

N’étant pas maman et donc pas experte sur le sujet, j’ai décidé de lancer un appel sur mes réseaux sociaux. J’ai recueilli des témoignages de femmes qui vivent ou ont vécues cela afin de vous rédiger l’article de plus complet et le plus juste que possible. Belle lecture à vous !

Se sentir en sécurité

Conduire une moto pendant la grossesse peut être perçu comme un choix audacieux, voire controversé. Chaque année, de nombreuses femmes enceintes et motardes affirment que la pratique de la moto est une partie intégrante de leur identité et qu’elles ne peuvent la laisser au garage… Et cela vaut pour les pilotes comme pour les passagères ! En revanche, elles ont toutes un point d’accord : il est nécessaire de prendre des précautions supplémentaires afin de minimiser les risques !

Concilier la maternité avec la passion pour la moto peut également présenter des défis émotionnels et physiques. Certaines femmes expriment la difficulté de s’adapter à un corps en constante évolution tout en continuant à pratiquer leur passion. Cependant, beaucoup trouvent du réconfort et du soutien au sein de communautés en ligne dédiées, où elles partagent leurs expériences et échangent des conseils précieux.

La question de savoir si les femmes enceintes devraient faire de la moto reste complexe et personnelle. Chaque femme doit évaluer ses propres circonstances, sa santé et ses préférences avant de prendre une telle décision. Alors que certaines optent pour la prudence et renoncent temporairement à leur passion, d’autres choisissent de défier les normes et de continuer à faire de la moto, en prenant des mesures supplémentaires pour garantir la sécurité de tous.

L’entourage et la société

La décision de continuer à faire de la moto pendant la grossesse ne manque pas de susciter des réactions diverses au sein de la société. Certains applaudissent le choix de ces femmes enceintes, soulignant l’importance de la liberté individuelle et du respect des passions personnelles. D’autres expriment leur inquiétude quant aux risques potentiels pour la santé de la mère et du fœtus, appelant à une prudence accrue.

Les femmes enceintes soulignent souvent qu’elles sont conscientes des risques et qu’elles prennent des décisions éclairées en fonction de leur situation spécifique. Elles appellent à la compréhension et au respect de leurs choix, tout en insistant sur le fait qu’elles prennent des mesures de sécurité supplémentaires pour minimiser les dangers.

J’ai à ce sujet pu récolter 2 témoignages intéressants de mamans motardes en devenir !

Sixtine Reymond :

« Je suis une femme de 31 ans, j’ai mon permis moto depuis 5 ans. Je possède une FZ8 et 125 supermot. J’ai appris ma grossesse en juillet 2023 (1er enfant). J’étais à 1 mois. Habitant en Haute-Savoie, je préférais me déplacer jusqu’au travail en moto afin d’éviter les bouchons le long du lac d’Annecy. Un gros gain de temps, surtout l’été ! J’ai eu la chance d’avoir un début de grossesse qui se passe bien, sans trop de nausées. Je n’avais pas spécialement peur d’une chute en moto en étant enceinte. Ce fœtus qui se développait était bien au chaud et protégé à l’intérieur de moi. 

Vers 2 mois de grossesse, j’ai rencontré l’écho-graphiste qui m’a posé quelques questions sur mon travail, mes loisirs. Je lui ai parlé de moto, vélo… elle m’a déconseillée de continuer, même le vélo ! Pour elle, si jamais je chutais, je pouvais perdre le bébé… ce n’était pas vraiment ma philosophie. Je me sentais bien dans ma tête et dans mon corps. J’ai continué ces loisirs même si elle m’a mis un certain doute sur mes responsabilités en tant que future mère. J’ai discuté avec une amie motarde déjà maman. Elle m’a rassurée en me disant que si elle avait pu continuer à faire de la moto, elle l’aurait fait. J’avais également le soutien de mon conjoint. Mon ventre commençant à grossir, j’ai dû détacher les scratchs sur les côtés de mon blouson et porter le pantalon de moto de mon conjoint. 

Au 3ème mois, j’ai commencé à ressentir quelques inquiétudes lorsque je prenais la moto. En effet, je me sentais moins en confiance car j’étais davantage fatiguée. Je ne voulais plus dépasser les voitures, faire de l’interfile… Mon conjoint m’a aussi conseillé d’arrêter la moto en voyant mon état physique, ce que j’ai fait. Et au 4ème mois, j’ai été arrêtée par la sage-femme à cause d’une trop grande fatigue. Je suis actuellement au 7ème mois de ma grossesse, la moto me manque. De nombreuses fois, j’ai eu envie de la sortir. Heureusement, c’était l’hiver ! Si j’avais un conseil à donner, c’est de vous écouter en étant raisonnable et responsable. Vous êtes la seule personne à savoir ce qui est bon pour vous et votre bébé. « 

Cindy B. :

« Avant tout, chacun(e) fait ce qu’il veut. Personne ne doit critiquer le choix des autres. Chacun s’écoute et sait ce qui est le mieux pour lui-même. Quand j’ai réalisé que j’étais enceinte, forcément, je m’étais préparée à l’idée de mettre de côté la moto quelques temps, et que ce jour viendrait tôt ou tard. J’ai eu la chance de ne pas avoir un ventre trop volumineux durant la grossesse. J’ai continué à faire de la moto mais toujours avec cette pensée que je faisais les premières balades à mon futur enfant. Du coup, je roulais encore plus prudemment, je faisais attention aux nids de poules, dos d’âne etc…

Initialement, je me suis mise en tête que lorsque je ne pourrai plus fermer mon cuir, j’arrêterai la moto. Mais je me suis écoutée et je me suis arrêtée à environ 4 mois. Je n’ai pas cherché à trouver un équipement « adapté » aux femmes enceintes. On raconte ce qu’on veut, mais les motard(e)s savent que c’est « plus dangereux » que la voiture. Et, inconsciemment, on devient déjà responsable du petit être qui grandit en nous. À mon retour de vacances d’été, j’ai donc fait un dernier coup de propre à ma moto, j’ai retiré la batterie et réduit au maximum l’assurance en attendant la future reprise plusieurs mois plus tard. Je compte bien reprendre dès que possible et partager et voire transmettre cette passion ! »

Et côté équipement ?

Avec le ventre qui s’arrondit, ça devient très compliqué pour s’habiller ! Voici donc quelques trucs et astuces. Pour commencer, vous pouvez opter pour des vestes et pantalons de moto conçus spécifiquement pour les femmes enceintes. Certains fabricants proposent des modèles avec des panneaux extensibles pour s’adapter à l’évolution de la silhouette. Assurez-vous que les vêtements offrent une protection adéquate, notamment au niveau des épaules, des coudes, et des genoux comme tout autre pantalon. Préférez un casque doté d’une ventilation adéquate pour éviter l’inconfort pendant la conduite. Optez pour des gants de moto qui offrent une protection suffisante tout en étant confortables, puis vérifiez qu’ils soient suffisamment ajustés sans être trop serrés. Enfin, je vous conseille des bottes de moto confortables qui offrent un bon soutien de la cheville, mais qui sont aussi faciles à enfiler et à retirer malgré les changements de tailles du pied !

De manière générale, recherchez des équipements avec des options de réglages pour accommoder la croissance du ventre et assurez-vous que les fermetures éclairs et les sangles soient faciles à attraper et ajuster. Gardez à l’esprit que chaque grossesse est unique, et qu’il est essentiel de prendre en considération votre propre confort et bien-être. Avant d’acheter un équipement, assurez-vous de respecter les normes de sécurité en vigueur dans votre région et n’hésitez pas à demander des conseils à des professionnels de la moto. Avec les bons équipements, la route reste ouverte aux aventures, même pendant la grossesse.