Plusieurs grandes marques d’équipement profitent du salon EICMA de Milan pour lancer la dernière version de leur airbag moto. J’ai fait le tour de leurs stands pour me faire une idée de la valeur ajoutée de leurs derniers produits. Ce qui m’a amené à me faire cinq réflexions plus ou moins pertinentes sur ce marché qui prend de l’ampleur. J’attends les vôtres en commentaire !
1 – L’airbag moto sera autonome ou ne sera pas
Si les modèles filaires (reliés par un câble à la moto) continuent à se trouver une place dans le catalogue de certains fabricants comme Bering (et son C-Protect Air) ou Clover, les vraies nouveautés 2019 en matière d’airbag s’appuient sur l’électronique embarquée. Pas surprenant, cela dit : les vitesses de déclenchement – et donc la capacité de protection – sont sans commune mesure avec ce que peut offrir un déclenchement mécanique. On parle d’un facteur 3 à 10, à vue de nez. Quand l’airbag filaire veut bien se déclencher, ce qui n’est pas systématique, en particulier en cas de glissade à côté de la moto.
Les airbags autonomes sont d’ailleurs les seuls à se montrer potentiellement prêts à temps en cas de choc frontal… Je vous laisse vous pencher sur le guide de Cédric, qui explique très bien pourquoi. Beaucoup de marques parient sur cette technologie et en 2019, l’éventail de blousons et de vestes moto aptes à vous protéger avec un airbag autonome s’élargit considérablement.
2 – Les prix ne baissent pas substantiellement
Pour autant, les prix ne baissent pas significativement… Ça peut (encore) se comprendre : les fabricants doivent amortir le développement de cette techno restée assez confidentielle jusqu’à aujourd’hui. Et puis l’électronique embarquée et les cartouches pyrotechniques coûtent cher. Appel aux intéressés : pensez à nous proposer de l’entrée de gamme un jour, bientôt de préférence ! Bon point au passage pour In&Motion, qui propose un financement sous forme de leasing du boîtier électronique In&Box. Le cerveau de l’airbag Ixon U03 compte pour la moitié du budget total. À défaut de casser le prix, cela rend le produit plus accessible. Et puis vous bénéficiez d’une garantie étendue et de mises à jour matérielles si nécessaire.
3 – Les airbags radiocommandés, on n’en parle plus
Bon, par contre, les airbags radiocommandés, c’est à dire ceux pilotés par des capteurs fixés sur la moto, semblent clairement être tombés dans les oubliettes. Le Bering Protect Air reste à ma connaissance l’unique représentant de cette solution qui se montre pourtant très performante en matière de détection de l’accident. Et encore, aucune trace de lui sur le stand de la marque française, seul le site de Bering précise qu’il est encore distribué.
La lourdeur du montage des capteurs, à faire effectuer par un professionnel validé par la marque, et l’impossibilité de rouler protégé avec une moto non équipée constituent il est vrai de sacrés freins par rapport à un airbag autonome utilisable out of the box et sur n’importe quelle moto.
4 – Enfin des modèles 100% féminins
Dainese, présentait à Milan la troisième version de son D-Air (on avait évoqué la seconde ici). Au programme, un algorithme retravaillé pour mieux détecter les prémices des chutes, ainsi qu’une meilleure intégration au blouson permettant des gains côté poids et ergonomie. Mais la grosse news, c’est l’apparition d’une déclinaison féminine du D-Air.
Grandes oubliées du marché jusqu’à aujourd’hui, les motardes ont enfin un modèle autonome étudié spécifiquement pour elles. Le coussin du D-Air Lady se montre ainsi adapté à leur morphologie. Il offre une protection plus aboutie qu’un airbag masculin trop plat au niveau de la poitrine. Plusieurs produits féminins sont déclinés en version D-Air pour 2019, dont la combinaison Dainese Avro Lady D-Air et le blouson Racing 3 Lady D-Air.
5 – Autonomes, mais pas indépendants
In&motion, la société française, qui développe l’électronique et le software de l’Airbag Ixon U03, a dévoilé à Milan de nouveaux partenariats. Outre Ixon, plusieurs de nos fabricants préférés proposeront d’ici peu leur mouture de l’airbag développé en Haute Savoie. À commencer par Furygan et Klim (pour évoquer les marques qu’on distribue chez Motoblouz). D’autres suivront. Bon choix !
À priori, la technologie restera la même que celle de l’U03. En fait, l’airbag sera simplement aménagé pour s’installer dans l’équipement de chaque marque comme une doublure. La version officielle, c’est que quand vous enfilez le blouson, l’airbag ne fait qu’un avec lui. Même constat chez Alpinestars, dont l’Airbag Tech Air, dispo en versions Race et Road, est aménagé pour se loger dans ses blousons signalés comme compatibles.
Je ne comprends pas cette obsession des fabricants à circonscrire l’usage de LEUR airbag à LEUR équipement, et aucun autre… Sûr qu’ils en vendraient beaucoup s’ils s’ouvraient un peu les chakras ! Là-dessus, Ixon a eu le nez fin avec son modèle U03, lancé il y a peu sur le marché. Universel, il vous permet de le porter sous tous les blousons qui vous chantent, quelle qu’en soit la marque. Ça sent bon la rupture de stock continue pour la marque française cette affaire. Au moins, chez Dainese, on est cohérent : leur airbag est intégré à l’équipement par choix technique.
NB : Je ne brosse pas Ixon dans le sens du poil par intérêt. La preuve, on en n’a pas en stock à l’heure où je vous écris ces lignes !
Pas de doute, l’airbag moto fait chauffer les cerveaux des ingénieurs développement. Les produits semblent de plus en plus aboutis, et les motards de plus en plus ouverts à l’idée de s’équiper. Je ne peux que le recommander, car en dépit de mes remarques un brin cyniques, beaucoup d’entre nous peuvent témoigner que leur airbag leur a sauvé la mise. Si vous avez déjà jeté votre dévolu sur l’un d’entre eux, on est tous preneurs de vos critères de choix dans les commentaires !
Pas grand chose a rajouter vu qu’on en avait déjà parlé. Mon avis rejoins celui-ci, avec en priorité pour une démocratisation de l’airbag moto la nécessité qu’ils deviennent de plus en plus « transparent » à l’usage. Pas de gêne par rapport à un blouson classique si intégré et si il s’agit d’une veste comme le Ixon il est indispensable que son port ne présente aucune contrainte particulière. Idem a l’usage, sa mise en route et sa mise en fonction doit rester là plus simple possible (clic sur un bouton par exemple et rien de plus).
En tout cas, tout semble aller dans le bon sens d’après les dernières nouveautés pour ceux qui veulent s’équiper !