Rouler sous la pluie à moto est une expérience dont on se passerait volontiers. Que ce soit en road trip moto autour du monde, en voyage en Irlande pour les vacances ou dans le Nord de la France au quotidien : la pluie ne peut parfois pas être évitée ! Il faut dire aussi que les jungles luxuriantes de ce monde sont souvent accompagnées de leur lot d’orages. Et en fonction de la saison, on n’a parfois pas d’autre choix que d’affronter la tempête à moto. Du Vietnam aux forêts tropicales colombiennes, en passant par la Bretagne ou le Nord de la France, voici quelques conseils pour voyager à moto sous la pluie.
Qu’est-ce qui change lorsqu’on voyage à moto sous la pluie ?
L’adhérence
Une fois la chaussée mouillée, la principale différence c’est l’adhérence. La route devient beaucoup plus glissante. Et glisser à moto, à moins d’être sur un supermot’, on n’aime pas trop… Pour couronner le tout, la route se parsème de petites embûches que le motard doit éviter. Des embûches que l’on évite déjà généralement aussi sur route sèche mais qui deviennent particulièrement traîtres sur route mouillée. Pour en citer quelques-unes :
- La signalisation peinte sur la chaussée : passages cloutés, bandes blanches, jaunes, fluorescentes, et autres subterfuges phosphorescents
- Les grilles d’évacuation, les plaques d’égout
- Les rails d’un tramway
- Les irrégularités de la chaussée et les nids-de-poule, désormais immergés et invisibles sous des flaques d’eau
Aussi, s’il s’agit d’une première grosse pluie après une longue période de sécheresse, méfiez-vous des zones de trafic intense. Les gaz d’échappement ont tendance à s’accumuler sur le bitume et vont rendre la chaussée plus glissante une fois délogés par la pluie. Ne vous extasiez donc pas devant les reflets arc-en-ciel d’une chaussée luisante. Ouvrez les gaz progressivement en ville et aux feux rouges, où la pollution est plus importante.
La visibilité
Le deuxième paramètre qui change sous la pluie, c’est notre visibilité. Voyager à moto sous la pluie, c’est comme regarder Canal+ en crypté. Plus la pluie est dense, moins on y voit clair. Pour remuer le couteau dans la plaie, la luminosité n’est généralement pas au rendez-vous quand il pleut. Le champ de vision se restreint, et on voit moins bien et moins loin.
Comment rouler à moto sous la pluie ?
Notre premier conseil est de rester calme et concentré, que ce soit en voyage dans n’importe quel pays ou en vadrouille dans le Nord de la France. Inutile de serrer les fesses et de se tétaniser au moindre virage. Il faut rester souple mais averti. Avec quelques ajustements de conduite et le bon équipement, rouler sous des trombes d’eau, ce n’est pas si terrible !
1. Anticiper
L’anticipation est le maître-mot pour voyager à moto sous la pluie. Il faudra plus de temps (et de distance) pour réaliser un arrêt complet à moto sur une chaussée mouillée. Il faut donc redoubler de vigilance pour identifier les dangers potentiels plus tôt. Évitez aussi de rouler dans les flaques d’eau ou les zones inondées. L’aquaplaning et les surprenantes irrégularités qui se cachent sous l’eau sont nos ennemis. Les changements de direction brusques et les freinages musclés favorisent aussi la perte d’adhérence.
Concernant le freinage, considérez l’utilisation de 2 doigts (index et majeur) plutôt que 4 sur le levier de frein avant. Un peu comme en tout-terrain, cela permet un freinage plus doux et précis. En l’absence d’ABS, et un peu stressé par la pluie, saisir son levier de frein à pleine main peut s’avérer fatal… Pensez à répartir le freinage entre l’avant et l’arrière (au levier et à la pédale).
2. Ralentir
Sous la pluie à moto, il FAUT rouler plus lentement. Comme à bord de n’importe quel autre véhicule… Diminuer sa vitesse de 20km/h permet de palier au manque de visibilité. C’est se donner une marge suffisante pour ajuster sa conduite en fonction de l’environnement.
Rouler un peu plus lentement vous permettra aussi d’apprécier les transitions entre les différents types de chaussée. Chaque revêtement est différent. Avec un peu de pratique, vous serez capable d’évaluer la tenue de route de chacun. Les pavés glissent davantage que l’asphalte coulé qui lui-même glisse plus que le bitume drainant…
L’équipement du motard : comment se protéger de la pluie à moto ?
A l’aube de tout grand voyage (ou tout départ pour le taf) vient l’heure de s’équiper. De bons équipements étanches permettront de focaliser votre attention sur votre conduite plutôt que sur l’eau qui ruisselle dans votre cou. De la tête aux pieds, en passant par le bout des doigts, il existe un équipement idéal pour voyager à moto sous la pluie.
Le casque
Une visière qui protège l’intégralité du visage est essentielle. L’écran antibuée est roi (aussi connu sous le nom de Pinlock). Il évite l’accumulation de buée à l’intérieur de la visière, et conserve le peu de visibilité restante. Rien de plus dangereux que de rouler visière ouverte sous les trombes d’eau. Ca fouette le visage, et on y voit rien…
En plus de protéger votre visière à l’intérieur, il existe des traitements hydrophobes déperlants. Ils permettent d’éviter l’accumulation de gouttes d’eau sur la face extérieure de la visière. En pratique :
- Bien nettoyer sa visière,
- pulvériser le produit en question,
- retirer l’excédent à l’aide d’un chiffon microfibre,
- laisser sécher.
L’action est semi permanente, et il faudra renouveler l’opération dès que nécessaire (avant chaque voyage ou chaque virée / road trip à moto).
Pour le corps, veste et pantalon moto étanches
Maintenant que notre visibilité sous la pluie est optimale, voyons comment rester au sec. Aujourd’hui, la majorité des équipements affiche un certain degré d’imperméabilité. L’étanchéité est réelle durant les premiers mois d’utilisation… Mais en voyage à moto, l’équipement est soumis à un usage intensif quotidien. Comme au cours d’une traversée de l’Amérique Centrale à moto par exemple. L’imperméabilité du Gore-Tex, des membranes et autres inserts technique montre ses limites.
Alors, à moins de craquer son porte-monnaie tous les 6 mois dans un ensemble dernier cri, notre solution pour rester au sec est la bonne vieille combinaison de pluie intégrale… Le 100 % nylon et 100 % étanche. Son inconvénient majeur est qu’il n’est pas très respirant. Du coup, c’est idéal pour rouler sous un climat froid, et rester au chaud (et au sec). C’est moins agréable pour rouler dans la jungle amazonienne sous un orage de chaleur… L’équipement parfait qui marche à tous les coups n’existe malheureusement pas.
En complément, les combis de pluie sont généralement dotées d’inserts réfléchissants qui permettent de rester visible.
Pour les extrémités, gants et bottes moto étanches
Même constat que pour les pantalons et vestes moto étanches. Après quelques mois d’usure, plusieurs heures de pluie battante viendront à bout de l’étanchéité de vos gants. Vos mains ne finiront pas trempées mais certainement moites et humides (hum). Si vous traversez une région pluvieuse durant plusieurs jours, l’idéal reste d’alterner entre une paire de gants dédiée à la pluie et une paire de gant secs. En hiver, les poignées chauffantes et les manchons permettent de garder vos mains au chaud.
Au passage, certaines paires de gants sont équipées d’essuie-glaces. Ou du moins, de quelque chose qui s’y apparente. Comme la raclette anti pluie des gants Rev’it Dominator Goretex ou le panel microfibre des gants Rev’it Sand 4 H2O.
Pour les bottes, on a le sentiment que l’étanchéité est meilleure et plus durable. En tout cas, dans le segment aventure / tout-terrain. Probablement car les nombreuses protections à l’extérieur sont déjà très imperméables. Et que l’on accepte que nos pieds « respirent » moins, ce qui permet aux fabricants d’inclure des membranes étanches plus épaisses. Ok pour puer des pieds mais pas pour puer du corps donc. Enfin, si vos bottes ne sont plus étanches, il y a toujours… le sac poubelle.
Focus sur la bagagerie étanche
Qu’est-ce qu’il y a de pire qu’une journée de 6 heures de voyage sous des trombes d’eau entre les camions au Brésil ? Arriver à son hôtel et constater que nos affaires sont absolument trempées car l’étanchéité des valises a été compromise. Cela sent le vécu ? Eh bien oui, après 3 ans d’abus, d’usage intensif quotidien et quelques chutes, il faut l’avouer… nos valises Givi Outback Trekker ne sont plus parfaitement étanches. Elles combattent une pluie passagère mais pas vraiment les averses tropicales sévères. Alors, pour palier à ce manque d’étanchéité, il existe une solution radicale : le sac poubelle.
Et oui, encore ! Pas trop sexy, il faut l’avouer, mais disons qu’il est pratique car il épouse la forme des valises. Sans perdre de volume, il permet de garder votre équipement au sec. Il est aussi particulièrement peu onéreux, et disponible dans tout commerce qui se respecte. Une solution d’urgence qui a dépanné plus d’un voyageur, c’est sûr.
Si vous n’êtes pas fan du léger « parfum poubelle » sur vos habits, les équipementiers proposent généralement des sacs étanches spécifiques à chaque modèle de valise rigide. Une légère perte de volume bien compensée par l’aspect pratique et durable de ce produit. Autre option, la bagagerie souple, dont l’étanchéité des fabricants reconnus est optimale.
Question « étanchéité » de la moto
Une moto est généralement étanche. Dans le sens où l’on peut rouler sous la pluie sans nuire à son fonctionnement. Malgré tout, il ne s’agit pas d’un sous-marin. Quelques précautions sont à prendre quand il s’agit d’affronter les trombes d’eau.
- Assurez-vous d’abord que l’éclairage fonctionne correctement. Si la visibilité est réduite pour vous, elle l’est aussi pour les autres usagers de la route. Voir et être vu donc. Vérifiez les éléments de signalisation (veilleuse, phare, plein phare, clignotants et feu stop). Si vous êtes adepte du tuning et des branchements approximatifs, assurez-vous que les connexions ne soient pas exposées et que tout est bien étanche. Histoire d’éviter une coupure de jus générale.
- Un des éléments de la moto le plus vulnérable sous la pluie, c’est la transmission par chaîne. Après plusieurs heures sous la pluie, elle sera dépourvue de graisse, et s’oxydera rapidement. Il faut donc nettoyer et graisser sa chaîne plus souvent lorsque l’on traverse une région ou un pays pluvieux. N’hésitez pas à voyager avec votre kit d’entretien pour chaîne moto dans le top case.
- Pour finir, si l’adhérence de la chaussée diminue, les pneus sont déterminants. Les pneus routes classiques disposent de stries favorisant l’évacuation de l’eau au niveau de la bande roulante. Des pneus usés déplaceront moins activement l’eau vers l’extérieur, et il faudra être plus prudent. Les pneus mixtes (route et tout-terrain) sont généralement plus glissants. Leur profil est optimisé pour assurer du grip sur les chemins plutôt que pour évacuer l’eau sur le bitume.
Pensez à vérifier la pression de vos pneus avant de prendre la route. Celle-ci affecte la surface en contact avec la chaussée. Si la pression n’est pas adéquate, la tenue de route est diminuée. Maintenant que vous en savez + sur le voyage à moto sous la pluie, direction la fin du monde !
Bonne analyse, c est du vecu à n en point douter…
Merci Indiana Jones ! Ce commentaire fait plaisir venant d’un si grand aventurier.
Sympa et instructif mais ,chti et fier de l’être, j’aurais un commentaire à faire…
Ya pas que « dans le Nord de la France »qu’il pleut….et encore moins « au quotidien »
Un peu d’objectivité que diable !!!!!
Salut le Chti ! Il semblerait que lorsqu’on écrit un article sur la pluie à moto sur internet, inclure les mots clés « Nord de la France » est particulièrement recommandé. Mais au delà des techniques de référencement web, il semblerait aussi qu’on ai touché à un point sensible. Alors désolé… Quant à l’utilisation des mots « au quotidien », on voulait simplement dire que si tu roules au quotidien en moto dans le Nord, il y a quand même de grandes chances que tu roules sous la pluie certains jours. Et donc qu’il vaut mieux s’y préparer. On sait très bien qu’il y a aussi des beaux jours ensoleillés, et bien plus que ce que les clichés sur le Nord de la France véhiculent. Peace !